Buenos Aires
Maya Meyer est psychiatre et psychologue à Buenos Aires. Argentine, elle parle couramment français et anglais. Consultante auprès de l'ambassade américaine et du consulat français, membre du groupe de recherche YesWeCan, elle connaît bien les difficultés liées à l'immigration et au changement de culture.
Vos patients sont en majorité des étrangers, vivant à Buenos Aires. Consultent-ils pour des difficultés liées à l'expatriation ?
Pas toujours. Curieusement, il ne s'agit pas forcément de personnes installées durablement à Buenos Aires. Je reçois souvent des jeunes, d'environ 20 ou 30 ans, qui sont en Argentine pour une durée limitée, de deux ou trois mois. Sans crise aigüe, ils choisissent ce moment pour entamer une thérapie avec un psychologue.
Comment expliquez-vous qu'ils décident de voir une psychologue à Buenos Aires, plutôt que dans leur pays de résidence ?
J'y vois plusieurs explications. Tout d'abord, la renommée de Buenos Aires dans ce domaine : c'est une des capitales mondiales de la psychanalyse.Ensuite, je pense que le fait d'être loin de leur pays et de leur famille, leur permet de se sentir plus libres de s'exprimer. Enfin, certains vivent dans un endroit où la thérapie est un sujet tabou, réservé aux "cas graves"... et ils profitent de leur séjour dans une ville où ce n'est pas le cas : aucun tabou n'entoure le fait de consulter un ou une psychologue à Buenos Aires.
Il m'arrive également de recevoir des patients en crise aigüe, parfois déclenchée par la migration, l'éloignement de leur famille. Dans les cas de crise aigüe, il s'agit presque toujours de patients ayant eu des difficultés psychologiques auparavant. Je reçois aussi un grand nombre de patients qui rencontrent des problèmes d'angoisse, d'anxiété, de perte des repères, dûs au changement de pays. Dans certains cas, cela peut aller jusqu'à des attaques de panique... Certains s'adaptent bien au changement de culture, mais d'autres en souffrent davantage, surtout s'ils viennent d'un endroit très différent de Buenos Aires.
Peut-on réaliser une thérapie lors d'un séjour bref, de deux ou trois mois ?
Oui ; dans ce cas je vais focaliser la thérapie sur le motif de la consultation... qui n'est pas toujours le motif explicite. Quand il s'agit d'un problème ponctuel, et que le patient le résout, cette durée est suffisante. S'il a besoin de plus de temps, je lui recommande de continuer avec un autre psychologue chez lui, à son retour. Cela peut être en consultant un autre thérapeute après son retour. Parfois, nous poursuivons la thérapie après son retour chez lui, par Skype.
Pour aller plus loin
https://www.managementinterculturel.com : Ressources et conseils pour résoudre les problèmes interculturels liés à l'expatriation
http://www.communicationinterculturelle.com/ - La communication entre personnes de cultures différentes
http://www.expatriation.org - Tout ce qu'il faut savoir pour réussir son expatriation
http://www.vivre-a-buenos-aires.net - Clés de la vie quotidienne dans la capitale argentine
http://www.largentine.fr - Site de référence sur l'Argentine : tourisme, économie, culture...